C’est à un parcours original, au sein même du musée d’histoire maritime tropézienne, auquel invite l’exposition « Autres horizons, autres cultures » à travers la présentation d’une trentaine d’objets exceptionnels, dignes des plus grands musées d’ethnologie qui ont été dévoilés samedi 4 avril à l’occasion des l’inauguration de l’événement .
Monsieur Thierry Cruchet, amateur éclairé de ces arts premiers et Madame Laurence Pavlidis, médiatrice culturelle du musée, tous deux commissaires de cette exposition, proposent de partir en voyage à travers le temps et l’espace à la rencontre de sociétés littorales qui furent et sont encore, pour certaines d’entre-elles, en contact avec notre société occidentale.
Cette exposition pourrait, de prime abord, apparaître incongrue dans un musée d’histoire maritime. Mais en fait les marins européens, en général, et tropéziens, en particulier, ont été en contact avec ces peuplades comme l’atteste la collection permanente du musée qui présente déjà des objets exceptionnels venus d’ailleurs comme l’ensemble d’armes d’Océanie du XVIIIe siècle ou le magnifique meuble de Zanzibar du milieu du XIXe siècle.
Christophe Colomb
Le public pourra ainsi découvrir des objets provenant de l’île de Pâques, des îles Salomon, de l’île Bougainville en Papouasie Nouvelle-Guinée, de Nouvelle-Irlande, des Philippines, mais aussi des côtes sibériennes ou de Polynésie sans oublier la très belle vitrine consacrée aux Taïnos des Caraïbes. Attardons nous un instant sur ce peuple qui a entièrement disparu à cause des Européens. Peu après que Christophe Colomb ait débarqué dans leurs îles, il écrit : « ce sont des gens d’amour, qui ne sont pas envieux et sont serviables pour toute chose ». Mais il ajoute : « ils feraient de bons serviteurs. Avec une cinquantaine d’hommes, on pourrait les asservir tous et leur faire faire tout ce que l’on veut ». C’est de cette façon que le génocide des Indiens d’Amérique débuta. En 1568, il ne restait plus que 13 Taïnos sur une population de plusieurs centaines de milliers d’Indiens. Il en était, de même, pour les Indiens Arawaks et Caraïbes. Les Blancs n’avaient plus d’Indiens sous la main, tous victimes de maladies, de tortures et d’esclavages. On décida donc de les remplacer par des Africains, ainsi débuta la traite négrière.
Les Yupiks
« Il ne s’agit pas ici de se repentir, a souligné le maire Jean-Pierre Tuveri dans son discours inaugural, il s’agit tout simplement d’avoir conscience de notre histoire tout en tenant compte du contexte de l’époque. Peut-être regarderons-nous la statue du mémorial dédié à la gloire de Christophe Colomb en Guadeloupe d’une autre manière ».
Le premier magistrat a conclu son propos par une note plus positive. « Vous allez découvrir une magnifique vertèbre de baleine sculptée par les Indiens Yupik de Sibérie. Les Yupiks vivent encore de nos jours des deux côtés du détroit de Béring, aussi bien sur la côte sibérienne que sur des îles d’Alaska. Il ne faut pas croire que ces sociétés traditionnelles sont figées dans une histoire qui n’évolue pas. Ainsi, jadis, la chasse à la baleine était réservée aux Hommes. Mais sachez que durant l’hiver 2014-2015, pour la première fois, des femmes Yupiks ont-elles aussi chassé la baleine. Je tiens à préciser que si je prends cet exemple comme un fait positif, c’est que cette chasse à la baleine, artisanale et vivrière, demeure extrêmement limitée et ne joue pas dans la réduction inquiétante des géants des mers menacés par une chasse industrielle à outrance. C’est aussi parce que cette histoire démontre qu’un peuple peut vivre en conservant ses racines tout en évoluant et en demeurant ouvert sur le monde.
Ces quelques mots démontrent que l’on peut aborder cette exposition de plusieurs manières. On peut la voir pour le plaisir des yeux, comme on peut décider d’aller au-delé de l’objet pour retrouver l’Homme. C’est bien évidemment cette direction que nous souhaitons privilégier ».
C’est à un parcours original, au sein même du musée d’histoire maritime tropézienne, auquel invite l’exposition « Autres horizons, autres cultures » à travers la présentation d’une trentaine d’objets exceptionnels, dignes des plus grands musées d’ethnologie qui ont été dévoilés samedi 4 avril à l’occasion des l’inauguration de l’événement .
Monsieur Thierry Cruchet, amateur éclairé de ces arts premiers et Madame Laurence Pavlidis, médiatrice culturelle du musée, tous deux commissaires de cette exposition, proposent de partir en voyage à travers le temps et l’espace à la rencontre de sociétés littorales qui furent et sont encore, pour certaines d’entre-elles, en contact avec notre société occidentale.
Cette exposition pourrait, de prime abord, apparaître incongrue dans un musée d’histoire maritime. Mais en fait les marins européens, en général, et tropéziens, en particulier, ont été en contact avec ces peuplades comme l’atteste la collection permanente du musée qui présente déjà des objets exceptionnels venus d’ailleurs comme l’ensemble d’armes d’Océanie du XVIIIe siècle ou le magnifique meuble de Zanzibar du milieu du XIXe siècle.
Christophe Colomb
Le public pourra ainsi découvrir des objets provenant de l’île de Pâques, des îles Salomon, de l’île Bougainville en Papouasie Nouvelle-Guinée, de Nouvelle-Irlande, des Philippines, mais aussi des côtes sibériennes ou de Polynésie sans oublier la très belle vitrine consacrée aux Taé¯nos des Caraé¯bes. Attardons nous un instant sur ce peuple qui a entièrement disparu à cause des Européens. Peu après que Christophe Colomb ait débarqué dans leurs îles, il écrit : « ce sont des gens d’amour, qui ne sont pas envieux et sont serviables pour toute chose ». Mais il ajoute : « ils feraient de bons serviteurs. Avec une cinquantaine d’hommes, on pourrait les asservir tous et leur faire faire tout ce que l’on veut ». C’est de cette façon que le génocide des Indiens d’Amérique débuta. En 1568, il ne restait plus que 13 Taé¯nos sur une population de plusieurs centaines de milliers d’Indiens. Il en était, de même, pour les Indiens Arawaks et Caraé¯bes. Les Blancs n’avaient plus d’Indiens sous la main, tous victimes de maladies, de tortures et d’esclavages. On décida donc de les remplacer par des Africains, ainsi débuta la traite négrière.
Les Yupiks
« Il ne s’agit pas ici de se repentir, a souligné le maire Jean-Pierre Tuveri dans son discours inaugural, il s’agit tout simplement d’avoir conscience de notre histoire tout en tenant compte du contexte de l’époque. Peut-être regarderons-nous la statue du mémorial dédié à la gloire de Christophe Colomb en Guadeloupe d’une autre manière ».
Le premier magistrat a conclu son propos par une note plus positive. « Vous allez découvrir une magnifique vertèbre de baleine sculptée par les Indiens Yupik de Sibérie. Les Yupiks vivent encore de nos jours des deux côtés du détroit de Béring, aussi bien sur la côte sibérienne que sur des îles d’Alaska. Il ne faut pas croire que ces sociétés traditionnelles sont figées dans une histoire qui n’évolue pas. Ainsi, jadis, la chasse à la baleine était réservée aux Hommes. Mais sachez que durant l’hiver 2014-2015, pour la première fois, des femmes Yupiks ont-elles aussi chassé la baleine. Je tiens à préciser que si je prends cet exemple comme un fait positif, c’est que cette chasse à la baleine, artisanale et vivrière, demeure extrêmement limitée et ne joue pas dans la réduction inquiétante des géants des mers menacés par une chasse industrielle à outrance. C’est aussi parce que cette histoire démontre qu’un peuple peut vivre en conservant ses racines tout en évoluant et en demeurant ouvert sur le monde.
Ces quelques mots démontrent que l’on peut aborder cette exposition de plusieurs manières. On peut la voir pour le plaisir des yeux, comme on peut décider d’aller au-delà de l’objet pour retrouver l’Homme. C’est bien évidemment cette direction que nous souhaitons privilégier ».