La municipalité avait donné rendez-vous dimanche matin, 11 novembre, devant le monument aux morts du cimetière marin pour une cérémonie exceptionnelle saluant, 100 ans après, l’armistice de la Grande guerre. A cette occasion, le maire Jean-Pierre Tuveri a lu une liste de 22 noms de Tropéziens morts pour la France qui ne figurait pas jusque-là sur le monument et qui ont été rajoutés. « Grâce aux recherches effectuées par Laurent Pavlidis et Hélène Riboty, notre archiviste, que je remercie très vivement, nous avons découvert dernièrement que la liste qui figurait sur notre monument aux morts était incomplète, a souligné le premier magistrat. Aussi surprenant que cela puisse paraître, il manquait des noms ! Et pas qu’un seul. Nous avons ainsi retrouvé 22 noms de poilus nés à Saint-Tropez, mort pour la France durant cette Grande guerre, et jusqu’alors oubliés ».
Comment était-ce possible ? L’explication est un peu technique. Il faut savoir que sur un monument aux morts, quel que soit le lieu, se trouvent répertoriés les soldats « Morts pour la France », qui sont, soit nés dans la commune concernée, soit qui y ont eu leur dernière résidence. Ainsi, à Saint-Tropez, sur les 98 noms initialement inscrits, à peu près la moitié étaient nés dans la commune. Cela signifie que des Tropéziens, dont la famille avait déménagé, ont été déclarés morts dans une autre commune. Il faut également savoir qu’il n’est pas interdit d’être inscrit sur deux monuments aux morts.
« Nous avons donc décidé de faire refaire les plaques du monument aux morts afin que ces 22 noms y figurent, a indiqué le maire, avant de les citer. Leurs noms étant maintenant gravés dans le marbre de notre monument aux morts, nous rendons hommage à l’ensemble des combattants tropéziens morts pour la France. Il nous importe en effet de se souvenir et d’entretenir ce devoir de mémoire, car comme l’a écrit Roland Dorgelès, l’auteur des « Croix de bois », « l’homme est une machine à oublier ». Le déclenchement de la Seconde guerre mondiale, seulement 21 ans après l’armistice de 1918, avec son lot d’atrocités et de crimes contre l’humanité, est là pour nous le rappeler.
A l’heure où nos sociétés traversent une crise profonde, il convient de se souvenir que la paix se mérite, qu’elle ne peut se construire qu’ensemble, dans la tolérance, la défense des valeurs démocratiques, l’éducation et non pas dans l’isolement, le repli sur soi et l’exaltation du nationalisme, nourrissant l’intolérance et la diabolisation du voisin. C’est la leçon que nous devons tirer de la Grande guerre dont les puissances alliées sortirent vainqueurs mais ne surent pas gérer la paix, le Traité de Versailles n’ayant fait qu’exacerber les ressentiments nationalistes ce qui conduisit, entre autres raisons, au déclenchement de second conflit mondial vingt ans plus tard ».
Les 22 noms supplémentaires des soldats tropéziens, tombés pendant la Grande guerre, qui ont été rajoutés sur le monument aux morts :
Andréani, Paul Alphonse Louis
Andrieu, Marius Anatole
Augier, Marius Auguste
Burel, Paul Pierre François
Court, Hippolyte Honoré Nicolas
Desderi, Maurin Jean
Garcin, Adrien Joseph Honorat
Gazagne, Henri Marius Eugène
Giraud, Antonin Louis
Guérin, Etienne Séverin Marie
Grané, Adrien Louis
Louis, Victorin
Mengeaud, Hippolyte Henri Camile
Moracchini, Jules Tropez
Pagès, Etienne Emile
Pastorel, Fernand Eugène Alexandre
Reibaud, Charles Victor
Roubaud, Léopold Ernest
Roux, Victor Albert
Sauvaire, Eloi Yvon
Sénéquier, Adrien Eugène
Vidal, Louis Laurent.