Depuis 2006, il est d’usage que les Capitaines de ville reçoivent la médaille d’or de la ville, et leurs majors la médaille d’argent.
Lundi 16 septembre, la municipalité avait convié tous les anciens Capitaines de ville et leurs majors qui ont conduit la Bravade à une réception symbolique à la citadelle. A cette occasion, le maire Jean-Pierre Tuveri les a accueillis par un rappel historique sur la Bravade et la charge de Capitaine de ville : « Nous voici réunis pour une occasion toute particulière, qui nous ramène aux racines profondes de Saint-Tropez, en évoquant nos Bravades assurément l’une des plus anciennes cérémonies populaires de Provence. Toute la singularité des Bravades tropéziennes, toute leur force aussi, repose sur l’association d’une célébration religieuse, hommage à notre Saint-patron, à une manifestation d’essence militaire, profondément ancrée dans l’histoire de notre cité et dans le cœur de ses habitants».
La genèse de la Bravade
L’histoire de la Bravade et des Capitaines de ville prend sa source en 1470, au moment de la signature de l’acte de repeuplement de Saint-Tropez par Jean de Cossa, Grand Sénéchal de Provence, baron de Grimaud, et Raphaël de Garrezio, gentilhomme génois.
« C’est, en effet, à partir de cette date que le Saint-Tropez que nous connaissons a commencé à se développer et où se sont forgées son histoire et ses spécificités, a souligné le maire. La reconstruction de notre ville s’est faite avec un objectif affirmé de défense du Golfe. Les hommes et les femmes qui choisirent alors de venir repeupler Saint-Tropez savaient qu’en s’installant sur cette côte, sur cette frontière maritime, ils s’exposeraient à des dangers certains, que l’inquiétude serait leur quotidien et que chaque voile aperçue à l’horizon représenterait un risque potentiel.
Conformément aux dispositions de l’acte de refondation, la population arma une milice locale afin d’assurer la protection du lieu et c’est lé que se trouvent les racines profondes du volet militaire de nos Bravades. Toutefois, force est de constater que dans cette ville de Saint-Tropez à l’économie relativement prospère et à la population grandissante, mais toujours vouée à son rôle de défense du golfe, les seigneurs qui succédèrent à Raphaël de Garrezio n’étaient qu’épisodiquement présents.
En effet, tout au long des décennies qui suivirent la reconstruction du village, la transmission de la seigneurie de Saint-Tropez a diverses familles de la noblesse italienne et provençale s’accompagna d’une absence physique du seigneur. Cette situation devint problématique pour les Tropéziens, car, devant la multiplication des dangers, ces derniers devaient pouvoir être commandés à tout moment afin d’assurer la défense du lieu.
Les édiles locaux furent ainsi contraints de désigner ponctuellement, lorsque le danger se faisait sentir, des personnes habilitées à commander les hommes en lieu et place du seigneur. Les Capitaines de Ville de nos Bravades actuelles en sont les héritiers ».
Honorat Coste, premier Capitaine de ville
La répétition des alertes notamment dues à la course barbaresque et l’absence régulière des seigneurs qui possédaient plusieurs fiefs distants et ne séjournaient que très épisodiquement à Saint-Tropez, décidèrent les consuls à élire, à partir de 1558, un capitaine de ville à l’année. C’est Honorat Coste, déjà impliqué dans la défense de la ville depuis plusieurs années, qui fut le premier à recevoir ce commandement pérenne.
« Il faut mesurer qu’il s’agissait lé d’un changement fondamental dans la nature de l’exercice du pouvoir militaire local, auquel le seigneur de l’époque, Pierre de Renaud, qui se voyait dépossédé d’une partie importante de ses prérogatives, s’opposa fermement, a rappelé le maire. La Ville fit appel à ses avocats pour savoir si un Capitaine de Ville pouvait être nommé sans l’aval du seigneur. Ce dernier installé à Antibes fit parvenir un courrier accompagné de lettres patentes du comte de Tende, représentant du roi, ordonnant l’annulation de la nomination.
Les consuls envoyèrent alors une députation pour demander au seigneur de nommer le capitaine déjà élu. L’année suivante, un nouveau capitaine, Pons Coste, fut nommé pour «conduire les hommes… et défendre la ville». Mais la question de la procédure concernant la nomination traînait. Il fut alors fait appel au roi Charles IX qui accorda finalement le privilège aux Tropéziens d’élire chaque année un capitaine de ville pour la conservation du lieu et le service de sa majesté ».
455 ans de Bravades
La milice locale sous l’autorité de son Capitaine de Ville assura ensuite des décennies durant la sécurité de la Ville. Elle s’illustra notamment le 15 juin 1637, date désormais entrée dans l’histoire locale et célébrée annuellement lors de la Bravade des Espagnols.
L’institution du Capitaine de Ville officiellement créée au XVIe siècle, se maintint, au cœur même des institutions tropéziennes, gré¢ce à la Bravade. Elle perdura malgré l’installation à la Citadelle d’une garnison royale, malgré les évolutions du statut de la milice bourgeoise puis sa disparition progressive face à une structuration et une professionnalisation des armées de notre pays avec la constitution notamment de la Garde nationale.
Les Capitaines de Ville et les Bravades ont perduré aussi malgré les vicissitudes de l’histoire de notre pays et notamment les phases de trouble sous la Révolution française et durant la Seconde Guerre Mondiale, alors que la commune était sous le joug des troupes d’occupation et qu’il n’était pas question pour les Tropéziens de défiler en armes dans les rues de la Ville.
« Fortes de leurs racines, les Bravades de Saint-Tropez ne sont donc pas une manifestation folklorique, comme ceux qui ne connaissent pas l’histoire de cette institution pourraient le penser de prime abord, mais une communion profonde de toute une population qui, au-delà de l’acte de foi religieux, s’inscrit dans plus d’un demi-millénaire d’histoire et de traditions tropéziennes », a souligné le Maire.
Depuis 2006, il est d’usage que les Capitaines de ville reçoivent la médaille d’or de la ville, et leurs majors la médaille d’argent.
Lundi 16 septembre, la municipalité avait convié tous les anciens Capitaines de ville et leurs majors qui ont conduit la Bravade à une réception symbolique à la citadelle. A cette occasion, le maire Jean-Pierre Tuveri les a accueillis par un rappel historique sur la Bravade et la charge de Capitaine de ville : « Nous voici réunis pour une occasion toute particulière, qui nous ramène aux racines profondes de Saint-Tropez, en évoquant nos Bravades assurément l’une des plus anciennes cérémonies populaires de Provence. Toute la singularité des Bravades tropéziennes, toute leur force aussi, repose sur l’association d’une célébration religieuse, hommage à notre Saint-patron, à une manifestation d’essence militaire, profondément ancrée dans l’histoire de notre cité et dans le cœur de ses habitants».
La genèse de la Bravade
L’histoire de la Bravade et des Capitaines de ville prend sa source en 1470, au moment de la signature de l’acte de repeuplement de Saint-Tropez par Jean de Cossa, Grand Sénéchal de Provence, baron de Grimaud, et Raphaé«l de Garrezio, gentilhomme génois.
« C’est, en effet, à partir de cette date que le Saint-Tropez que nous connaissons a commencé à se développer et où se sont forgées son histoire et ses spécificités, a souligné le maire. La reconstruction de notre ville s’est faite avec un objectif affirmé de défense du Golfe. Les hommes et les femmes qui choisirent alors de venir repeupler Saint-Tropez savaient qu’en s’installant sur cette côte, sur cette frontière maritime, ils s’exposeraient à des dangers certains, que l’inquiétude serait leur quotidien et que chaque voile aperçue à l’horizon représenterait un risque potentiel.
Conformément aux dispositions de l’acte de refondation, la population arma une milice locale afin d’assurer la protection du lieu et c’est là que se trouvent les racines profondes du volet militaire de nos Bravades. Toutefois, force est de constater que dans cette ville de Saint-Tropez à l’économie relativement prospère et à la population grandissante, mais toujours vouée à son rôle de défense du golfe, les seigneurs qui succédèrent à Raphaé«l de Garrezio n’étaient qu’épisodiquement présents.
En effet, tout au long des décennies qui suivirent la reconstruction du village, la transmission de la seigneurie de Saint-Tropez a diverses familles de la noblesse italienne et provençale s’accompagna d’une absence physique du seigneur. Cette situation devint problématique pour les Tropéziens, car, devant la multiplication des dangers, ces derniers devaient pouvoir être commandés à tout moment afin d’assurer la défense du lieu.
Les édiles locaux furent ainsi contraints de désigner ponctuellement, lorsque le danger se faisait sentir, des personnes habilitées à commander les hommes en lieu et place du seigneur. Les Capitaines de Ville de nos Bravades actuelles en sont les héritiers ».
Honorat Coste, premier Capitaine de ville
La répétition des alertes notamment dues à la course barbaresque et l’absence régulière des seigneurs qui possédaient plusieurs fiefs distants et ne séjournaient que très épisodiquement à Saint-Tropez, décidèrent les consuls à élire, à partir de 1558, un capitaine de ville à l’année. C’est Honorat Coste, déjà impliqué dans la défense de la ville depuis plusieurs années, qui fut le premier à recevoir ce commandement pérenne.
« Il faut mesurer qu’il s’agissait là d’un changement fondamental dans la nature de l’exercice du pouvoir militaire local, auquel le seigneur de l’époque, Pierre de Renaud, qui se voyait dépossédé d’une partie importante de ses prérogatives, s’opposa fermement, a rappelé le maire. La Ville fit appel à ses avocats pour savoir si un Capitaine de Ville pouvait être nommé sans l’aval du seigneur. Ce dernier installé à Antibes fit parvenir un courrier accompagné de lettres patentes du comte de Tende, représentant du roi, ordonnant l’annulation de la nomination.
Les consuls envoyèrent alors une députation pour demander au seigneur de nommer le capitaine déjà élu. L’année suivante, un nouveau capitaine, Pons Coste, fut nommé pour «conduire les hommes… et défendre la ville». Mais la question de la procédure concernant la nomination traînait. Il fut alors fait appel au roi Charles IX qui accorda finalement le privilège aux Tropéziens d’élire chaque année un capitaine de ville pour la conservation du lieu et le service de sa majesté ».
455 ans de Bravades
La milice locale sous l’autorité de son Capitaine de Ville assura ensuite des décennies durant la sécurité de la Ville. Elle s’illustra notamment le 15 juin 1637, date désormais entrée dans l’histoire locale et célébrée annuellement lors de la Bravade des Espagnols.
L’institution du Capitaine de Ville officiellement créée au XVIe siècle, se maintint, au cœur même des institutions tropéziennes, grâce à la Bravade. Elle perdura malgré l’installation à la Citadelle d’une garnison royale, malgré les évolutions du statut de la milice bourgeoise puis sa disparition progressive face à une structuration et une professionnalisation des armées de notre pays avec la constitution notamment de la Garde nationale.
Les Capitaines de Ville et les Bravades ont perduré aussi malgré les vicissitudes de l’histoire de notre pays et notamment les phases de trouble sous la Révolution française et durant la Seconde Guerre Mondiale, alors que la commune était sous le joug des troupes d’occupation et qu’il n’était pas question pour les Tropéziens de défiler en armes dans les rues de la Ville.
« Fortes de leurs racines, les Bravades de Saint-Tropez ne sont donc pas une manifestation folklorique, comme ceux qui ne connaissent pas l’histoire de cette institution pourraient le penser de prime abord, mais une communion profonde de toute une population qui, au-delà de l’acte de foi religieux, s’inscrit dans plus d’un demi-millénaire d’histoire et de traditions tropéziennes », a souligné le Maire.