Né en 1957 « entre l’lslande et le Bhoutan » comme il aime le dire, Jan Gulfoss est avant tout un explorateur tant scientifique qu’artistique. Peintre, photographe et musicien, II passe ses jeunes annees a observer la Nature dans le delta du Haut-Rhin où il dessine les oiseaux et enregistre leurs chants. En 1974 à l’âge de seize ans, il émigre dans le sud de la France où il se rend assidûment le Musée Océanographique de Monaco. Après obtention du diplôme de l’Ecole Nationale Supérieure d’Art à la Villa Arson de Nice en 1984, il poursuit sa quête de connaissance dans les musées d’histoire naturelle et zoos tout en développant sa pratique artistique. En 2011, il fait la connaissance du moine bouddhiste et scientifique Matthieu Ricard. Trouvant là un écho à son convictions, il décide de mettre son talent au service de la protection de la Nature. II crée ainsi des vidéos, des installations, mais aussi des décors pour le théâtre. Il développe aussi son travail pictural, peinture et photographie, pour composer ce qu’il conçoit comme son propre « plaidoyer pour les animaux ».
Reprenant le schéma classique du portrait de studio, Gulfoss dispose ses modèles devant des décors peints. Le choix de l’angle de vue, frontal avec un sujet souvent placé au centre de la scène, n’est pas sans rappeler les premiers daguerréotypes, eux-mêmes ancrés dans une tradition picturale classique. Le soin qu’il apporte à ses mises en scène est tel, que le sujet parait de prime abord poser dans son environnement naturel. Or, plus le regard s’attarde, plus nous découvrons le subterfuge; Une porte, une ampoule, un reflet de vitre dévoilent à notre inconscient la fragilité de ce qu’il aurait aimé voir. Cet univers paisible et peuplé d’animaux peut-il être pérennisé autrement que dans un cadre artificiel? Ne pourrions-nous pas gommer cette vitre qui nous sépare du monde animal pour mieux nous y intégrer? Le travail de Gulfoss soulève de nombreuses questions. Il nous amène à réévaluer notre appréhension de la place de l’animal et par extension notre propre positionnement au sein d’un écosystème global. En revisitant les codes de l’histoire de la photographie, son œuvre offre à qui le regarde la possibilité de modifier l’héritage anthropocentriste qui nous a été transmis en y intégrant le monde animal et végétal sans distinction hiérarchique.
Du 19 au 25 aout 2021
Lavoir Vasserot
Entrée libre