« En ce début de XXI° siècle revendiquer la licence accordée aux poètes et aux fous telle que formulée en 1573 par Véronèse lors de son procès de l’Inquisition? Prendre le monde à bras le corps et puis tout à la fois imposer ses vues et puis se laisser haler par la peinture? C’est bien ça !»
JF Carle a pas mal bourlingué. Il fut responsable de projets cadre-export en entreprise, puis dans l’humanitaire au Rwanda, en Tanzanie. C’est à ce moment là que la peinture s’est imposée à lui comme point d’ancrage. Il s’est mis à peindre des polyptyques sur lesquels s’affichaient le visage de ses amis, des artistes qu’il admirait, des inconnus qu’il croisait au fil de ses pérégrinations. Puis il est devenu professeur d’arts plastiques. Ce cheminement il le revendique aujourd’hui qu’il est artiste-peintre.
Car enfin, le but n’est-il pas d’imposer sa chance dans un monde qui tend à nous transformer en consommateurs soumis au diktat de la norme, de la publicité? Lorsqu’il rentre dans son atelier JF Carle sait qu’il sera le seul responsable de l’oeuvre à naître, même s’il se sent redevable des maîtres qui ont défriché le terrain.
Sur la surface de réparation de la toile vierge le peintre cherche à formuler une image inédite riche de sens, de souvenirs, certes, mais cela n’est pas suffisant. Le tableau se doit de fonctionner en dehors de lui, par la force des couleurs, l’alchimie des formes, le mystère, cet équilibre instable que le regardeur se plaît à contempler, à questionner
«Il ne s’agit pas de peindre la vie, il faut rendre vivante la peinture» disait Pierre Bonnard. Alors oui, il est des «pratiques» qui évoquent le mouvement, le passage du temps, le doute… Il y a le choix de laisser apparentes les traces des différents processus. JF Carle s’empare de différents médiums (peinture, papier, tissus…) qu’il met en concurrence jusqu’à arriver, grâce un travail de collage/décollage, à évoquer des mondes antiques, des mondes telluriques. L’eau, la terre, l’air, le feu, le bois sont convoqués.
JF Carle se plaît à disparaître derrière à l’exigence du hasard et de la nécessité.
« Accéder à la «fulgurance de la maîtrise et de l’incertitude» comme énoncé par Nicolas de Staël, avec sa propre histoire, ses propres moyens, et puis trouver dans le regard de l’autre ce sourire qui nous rend complice, c’est bien ça qui rend heureux de peindre. »
Les œuvres de JF Carle sont présentes dans de nombreuses collections privées en France et à l’étranger.
Du 2 au 8 septembre 2021
Lavoir Vasserot
Entrée libre