Il y a exactement un siècle mourait Emile Ollivier, homme politique et écrivain, éphémère chef de gouvernement sous Napoléon III en 1870, académicien français et surtout propriétaire à Saint-Tropez d’une demeure protégée par le Conservatoire du littoral : le château de la Moutte. Cet édifice qu’il avait acheté en 1860, puis remarquablement aménagé et développé, porte encore aujourd’hui son nom, accolé au nom du manoir : le domaine Emile-Ollivier.
C’est en effet à lui que l’on doit l’ajout des deux ailes actuelles du château, la bibliothèque et une vaste cuisine. De six hectares, la propriété s’agrandit jusqu’é atteindre la mer pour constituer un domaine de plus de quarante hectares. Il fit planter des vignes (d’où il tirait son propre vin), une palmeraie et une allée de palmiers qui conduisait à la mer grâce à des graines venues d’Oran.
En sa mémoire, la municipalité lui a rendu hommage en ce 20 août 2013 en déposant une gerbe sur sa tombe située au bord de la mer, à proximité de la plage des Salins. Le maire Jean-Pierre Tuveri était représenté par son 1er adjoint Claude Bérard et les adjoints Georges Giraud et Andrée Anselmi.
Un peu d’histoire
Dans son journal, à la date du 1er mars 1860, Émile Ollivier écrivait qu’il venait d’acheter « une petite habitation de 6 hectares dite château des salins à M. Martin de Roquebrune pour la somme de 19 000 francs ».
Dans un article qu’il publia plus tard dans le Figaro, Emile Ollivier, natif de Marseille, confia les raisons qui l’ont poussé à s’établir à Saint-Tropez :
« Ce ne sont pas des souvenirs d’enfance qui m’ont conduit dans ce pays : mes premières années se sont écoulées à Marseille. C’est sur les amples montagnes de la vie radieuse qu’enfant j’ai admiré les féeries de la lumière ; c’est sur ses rivages majestueux que j’ai entendu pour la première fois la chanson des vagues. J’ai choisi Saint-Tropez, où l’on arrivait alors en dix heures de voiture, pour me dérober aux importunités de la vie publique. Je ne cherchais que le calme, j’ai trouvé l’enchantement. Des montagnes sonores et parfumées, pleines « d’horreur, de fleurs et de soleil » selon l’expression d’Homère Mistral, sur lesquelles la teinte sombre des pins et des chênes-lièges est égayée comme d’un demi-sourire par le pâle feuillage de l’olivier, entourent d’un amphithéâtre imposant la courbe alanguie d’un golfe au fond duquel domine encore dans sa majesté décrépite, l’aire du vautour féodal de Grimaud.
A l’une des extrémités de Saint-Tropez s’ouvre une vallée riante ni trop large ni trop resserrée qui, après avoir longé la baie des Canoubiers, un délicieux petit golfe de Baia, finit sur la pleine mer. La Moutte est sur ce rivage. La maison d’un étage avec ses tourelles couronnées par une balustrade à l’italienne est entourée de beaux eucalyptus, les premiers plantés dans le pays, de dattiers d’où pendent les blonds régimes et sous lesquels se dorent les fruits de l’oranger. Elle est lé dans un cadre merveilleux, la mer de la poésie et de la gloire, entre les falaises du cap Camarat et les monts de porphyre de l’Estérel, au-dessus desquels brille la neige des Alpes, ainsi orientée que de ses profondeurs surgissent tour à tour la flamme brûlante des jours et la suave clarté des nuits. Parfois paisible, plane, azurée, retenant le mouvement de ses flots, elle murmure si doucement qu’on pourrait entendre le frôlement de la terre à travers l’espace. Parfois enflée, bouillonnante et blanchissante, elle semble apporter dans ses grondements lointains le bruit des choses qui s’écroulent. Dans cette solitude, je puis croire que cette mer m’appartient, qu’elle me réserve ses caresses et ses splendeurs, ses familiarités et ses élévations que pour moi seul elle compose ses harmonies, vagues comme les rêveries du cœur et pénétrantes comme elles. Et je l’aime et je lui confie les pensées mystérieuses, les émotions pour lesquelles il n’est pas de paroles. Autrefois, je partais de cet asile pour la lutte, j’y suis revenu pour le repos dans le travail ; on m’y portera pour le repos de la mort. J’ai marqué la double inspiration d’ardeur et de stoïcisme que j’y ai trouvée en s’inscrivant sur la porte de la modeste demeure : « certa viriliter, sustine patienter« ».
Source : http://www.institut-emile-ollivier.org/demeure_lamoutte.htm
Il y a exactement un siècle mourait Emile Ollivier, homme politique et écrivain, éphémère chef de gouvernement sous Napoléon III en 1870, académicien français et surtout propriétaire à Saint-Tropez d’une demeure protégée par le Conservatoire du littoral : le château de la Moutte. Cet édifice qu’il avait acheté en 1860, puis remarquablement aménagé et développé, porte encore aujourd’hui son nom, accolé au nom du manoir : le domaine Emile-Ollivier.
C’est en effet à lui que l’on doit l’ajout des deux ailes actuelles du château, la bibliothèque et une vaste cuisine. De six hectares, la propriété s’agrandit jusqu’é atteindre la mer pour constituer un domaine de plus de quarante hectares. Il fit planter des vignes (d’où il tirait son propre vin), une palmeraie et une allée de palmiers qui conduisait à la mer grâce à des graines venues d’Oran.
En sa mémoire, la municipalité lui a rendu hommage en ce 20 août 2013 en déposant une gerbe sur sa tombe située au bord de la mer, à proximité de la plage des Salins. Le maire Jean-Pierre Tuveri était représenté par son 1er adjoint Claude Bérard et les adjoints Georges Giraud et Andrée Anselmi.
Un peu d’histoire
Dans son journal, à la date du 1er mars 1860, Émile Ollivier écrivait qu’il venait d’acheter « une petite habitation de 6 hectares dite château des salins à M. Martin de Roquebrune pour la somme de 19 000 francs ».
Dans un article qu’il publia plus tard dans le Figaro, Emile Ollivier, natif de Marseille, confia les raisons qui l’ont poussé à s’établir à Saint-Tropez :
« Ce ne sont pas des souvenirs d’enfance qui m’ont conduit dans ce pays : mes premières années se sont écoulées à Marseille. C’est sur les amples montagnes de la vie radieuse qu’enfant j’ai admiré les féeries de la lumière ; c’est sur ses rivages majestueux que j’ai entendu pour la première fois la chanson des vagues. J’ai choisi Saint-Tropez, où l’on arrivait alors en dix heures de voiture, pour me dérober aux importunités de la vie publique. Je ne cherchais que le calme, j’ai trouvé l’enchantement. Des montagnes sonores et parfumées, pleines « d’horreur, de fleurs et de soleil » selon l’expression d’Homère Mistral, sur lesquelles la teinte sombre des pins et des chênes-lièges est égayée comme d’un demi-sourire par le pâle feuillage de l’olivier, entourent d’un amphithéâtre imposant la courbe alanguie d’un golfe au fond duquel domine encore dans sa majesté décrépite, l’aire du vautour féodal de Grimaud.
A l’une des extrémités de Saint-Tropez s’ouvre une vallée riante ni trop large ni trop resserrée qui, après avoir longé la baie des Canoubiers, un délicieux petit golfe de Baia, finit sur la pleine mer. La Moutte est sur ce rivage. La maison d’un étage avec ses tourelles couronnées par une balustrade à l’italienne est entourée de beaux eucalyptus, les premiers plantés dans le pays, de dattiers d’où pendent les blonds régimes et sous lesquels se dorent les fruits de l’oranger. Elle est là dans un cadre merveilleux, la mer de la poésie et de la gloire, entre les falaises du cap Camarat et les monts de porphyre de l’Estérel, au-dessus desquels brille la neige des Alpes, ainsi orientée que de ses profondeurs surgissent tour à tour la flamme brûlante des jours et la suave clarté des nuits. Parfois paisible, plane, azurée, retenant le mouvement de ses flots, elle murmure si doucement qu’on pourrait entendre le frôlement de la terre à travers l’espace. Parfois enflée, bouillonnante et blanchissante, elle semble apporter dans ses grondements lointains le bruit des choses qui s’écroulent. Dans cette solitude, je puis croire que cette mer m’appartient, qu’elle me réserve ses caresses et ses splendeurs, ses familiarités et ses élévations que pour moi seul elle compose ses harmonies, vagues comme les rêveries du cœur et pénétrantes comme elles. Et je l’aime et je lui confie les pensées mystérieuses, les émotions pour lesquelles il n’est pas de paroles. Autrefois, je partais de cet asile pour la lutte, j’y suis revenu pour le repos dans le travail ; on m’y portera pour le repos de la mort. J’ai marqué la double inspiration d’ardeur et de stoé¯cisme que j’y ai trouvée en s’inscrivant sur la porte de la modeste demeure : « certa viriliter, sustine patienter« ».
Source : http://www.institut-emile-ollivier.org/demeure_lamoutte.htm