Après l’ouverture en septembre 2018 de cinq nouvelles salles (usine des câbles Grammont, commerce au Levant, pêche au corail, plaisance et motonautisme), le musée d’histoire maritime de la citadelle s’enrichit d’un nouvel espace d’exposition inauguré vendredi 7 février par le maire Jean-Pierre Tuveri et Isabelle Picco, présidente de l’association des Amis de la citadelle.
Cette nouvelle salle est consacrée à la bataille de Velez-Malaga qui eut lieu au large du sud de l’Espagne le 24 août 1704. Ce jour-là, la flotte française commandée par le comte de Toulouse, fils du roi Louis XIV et de Madame de Montespan, soutenue par des galères espagnoles a combattu la flotte anglo-hollandaise sous les ordres de l’amiral Rooke.
Cette bataille est peu connue alors qu’il s’agit d’une des plus grandes batailles navales du règne de Louis XIV et l’une des plus violentes. Il y eut un mort toutes les 10 secondes, plus de 4000 au total. Plus de cent vaisseaux s’affrontèrent toute la journée sur un front d’une grosse dizaine de kilomètres, peut-être quinze. Bien que mitigée, la victoire tactique revint aux Français. Par contre, stratégiquement, le but ultime qui était la reprise de Gibraltar aux Anglais qui y étaient installés depuis le 4 août fut un échec.
Pourquoi parler de cette bataille ici au musée d’histoire maritime ? Pour la simple raison que sur les quelque 24 000 Français impliqués dans cet affrontement, 201 au moins étaient Tropéziens, ce qui représente 10% de la population de la ville et plus de 60% des marins de la cité. Quatre y perdirent la vie.
Un espace sous forme d’enquête
Cet espace a été construit sous forme d’enquête. L’objectif est d’apporter des réponses à des questions que l’on ne se pose généralement pas lorsqu’on parle de bataille navale. On pense notamment à la question des vivres à embarquer pour nourrir pendant plusieurs semaines, voire plusieurs mois des équipages fort nombreux. Songez qu’un seul vaisseau, suivant sa taille, embarquait entre 400 et 1000 hommes.
Trois éléments exposés sont remarquables :
– le premier est la reproduction à l’échelle 1 du rouleau de Velez Malaga, dessin aquarellé de près de 7 mètres de long qui représente les deux flottes face à face. Cette œuvre faite par un témoin et un acteur de la bataille donne une idée de l’ampleur de l’affrontement. L’original a été acquis il y quelques années par le Service historique de la Défense de Vincennes que je remercie pour sa collaboration.
– le second élément est un modèle du vaisseau Le Saint-Philippe réalisé par Monsieur José Tuset. Travail long et remarquable sur cette maquette qui a été achetée par le musée.
– le troisième élément est constitué de plusieurs plans dessinés par Monsieur Lemineur. Ces quelques planches font partie d’un ensemble de 42 planches qui constitue l’essentiel d’un ouvrage remarquable consacré à ce vaisseau et édité par les éditions ANCRE de Nice, célèbres éditions d’archéologie navale connues de tous les modélistes. Travail là aussi long et remarquable qui s’appuie sur une documentation très riche. Le musée peut présenter quelques-unes de ces planches grâce à l’accord de Monsieur Berti, éditeur, et de Monsieur Lemineur, son auteur.
Un travail collectif
La réalisation de cette salle est le résultat d’un travail collectif. Au nom de la municipalité, le maire a remercié Je voudrais l’association des Amis de la Citadelle qui a participé financièrement à l’acquisition d’un certain nombre d’objets dont la reproduction d’une fresque remarquable, le Service historique de la Défense de Vincennes, Monsieur Didier Berti des éditions ANCRE et Monsieur Lemineur archéologue naval, Monsieur José Tuset, maquettiste pour avoir fait confiance au musée et avoir accepté de se séparer de ce chef d’œuvre qu’est le modèle du Saint-Philippe, Monsieur Patrick Villiers, historien spécialisé dans l’histoire de la Marine qui fut disponible en permanence pour répondre aux nombreuses questions qui se posaient. Monsieur Villiers vient de publier, également aux éditions ANCRE, un remarquable ouvrage sur les vaisseaux de premier rang du règne de Louis XIV que l’on peut trouver à la boutique du musée. Le premier magistrat a également remercié l’association Patrimoine Tropézien, toujours disponible lorsqu’on la sollicite et élément clef de la diffusion du savoir à Saint-Tropez, ainsi que Michel Mourrier, artiste bien connu qui est également le socleur du musée, et les services de la Ville avec une mention particulière à la direction de la Culture et aux agents de la citadelle et de son musée qui se sont impliqués depuis de long mois dans ce travail qui révèle un très grand nombre d’informations qu’il faut prendre le temps de lire.